Avoir les capteurs ouverts sur la société
Paru dans le JDD du 25 avril 2010
« On interdit le Niqab que personne ne défendait d’ailleurs ? Ca ne me dérange pas, au contraire, mais cette loi à venir ne peut pas résumer une politique d’intégration ou de défense de la dignité de la femme.
Il ne faut pas se tromper de message, ni déstabiliser des citoyens français qui se sentent stigmatisés par l’accumulation des polémiques. Je le ressens, quand ils viennent me parler. Et je l’ai dit vendredi, quand j’ai été décorée par le roi du Maroc, le pays de mon père: à travers moi, ce sont les français issus de l’immigration qui étaient honorés, et aussi la France, ce pays de la tolérance et du possible, ces immigrés qui n’avaient pas choisi d’immigrer et que les français qui les ont accueillis, n’ont pas subis tant ils se sont battus pour la France, tant ils ont aimé et aiment la France.
Il ne faut pas gâcher cela en donnant une mauvaise impression. Je connais bien le sarkozysme et Nicolas Sarkozy pour ne pas me tromper. Ni ce président, ni ce qu’il construit, ne peuvent être ramenés à de la répression, des interdits, des divisions ou des mises à l’écart. Ce qui faisait sa force, quand il est devenu Président, ce n’était pas des mots ou des polémiques artificielles. Les crapules ne sont pas que dans les banlieues ou les quartiers populaires. Dans ces quartiers, les habitants les combattent, et refusent tous que les crapules fassent « leur loi » car ils n’ont pas oublié Nicolas Sarkozy qui leur promettait la même sécurité, les mêmes droits partout, sur tout le territoire national et en particulier pour les plus modestes et les fragiles. Ne donnons pas une image biaisée, de cette France qui souffre aussi…
Ce qui a nourri Nicolas Sarkozy, c’était d’avoir les « capteurs ouverts », j’ai souvent repris cette expression, les capteurs ouverts sur la société. Il était sur le terrain. Il y était tout le temps. Il écoutait et comprenait ce qui travaillait la France et les Français, et y répondait : besoin de sécurité et besoin de mobilité, faire changer les choses, permettre à tous de s’accomplir, cette France qui vous donne la main lorsque vous avez un genou a terre, qui vous donne des chances tout au long de votre vie pour réaliser vos rêves dès lors où vous avez envie de vous en sortir… La discrimination positive, dont on a tellement parlé, c’était la possibilité pour chaque individu de se réaliser. Il faut retrouver cet état d’esprit, retrouver le véritable sarkozysme, ce qui nous a fait rêver en 2007 peut revenir…
Mais pour cela, il faut peut-être éviter dans certaines circonstances et en particulier en période de crise de faire des annonces qui ne règlent rien ; au lieu de remettre sur le tapis la suppression des allocations familiales aux familles –cela peut déjà être possible, avec le contrat de responsabilité parentale renforcée par la loi sur la prévention de la délinquance à laquelle j’ai travaillé (lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur)- réactivons les aides à la parentalité, l’accompagnement des parents en difficulté, sans exclure les sanctions des parents irresponsables… Il faut retrouver la société. Aller à Tremblay, à Bobigny, comme le fait le président, c’est être fidèle à lui-même.
Déserter les quartiers populaires, comme le font tant de politiques, c’est une erreur humaine et stratégique. C’est ramener la droite à la peur et à l’exclusion, quand nous avons voulu exactement le contraire, cette Droite humaine incarnée par des valeurs comme le travail, le mérite, que chaque Français puisse réaliser son rêve, se réaliser, d’où qu’il vienne… être ferme mais juste»