Exception culturelle : ne pas crier victoire trop vite !
L’exclusion du secteur audiovisuel des négociations avec les Etats-Unis décidée tard hier soir par le Conseil est a priori une bonne nouvelle.
Je m’inquiète toutefois de la brèche qui a été ouverte, en concédant à la Commission européenne et aux Etats réticents, la possibilité d’inclure le secteur audiovisuel plus tard dans les négociations.
Il ne faut pas crier victoire trop vite. La position que nous défendons au Parlement européen, soutenue par la France, a été entendue. Mais restons lucides sur ce compromis. Il y a comme un goût d’inachevé ce matin.
Car s’il a été accepté, c’est qu’il permet à la Commission européenne et à l’immense majorité des Etats qui ne souhaitent pas l’exclusion du secteur audiovisuel de gagner du temps. Il leur permet d’ouvrir les négociations et de s’occuper du caillou dans la chaussure plus tard.
Nous devons donc continuer à lutter pour un accord de libre échange, pleinement respectueux de notre spécificité, de notre identité et qui protège, sans concessions, les Européens.
C'est cette idée que nous avons défendue au Parlement depuis plusieurs semaines, en défendant l’exception culturelle européenne. Dans ce domaine, nous devrons à l’évidence rester extrêmement vigilants.
Mais aussi, conformément à ma demande, nous avons au Parlement européen réclamé une attention particulière sur les échanges agricoles.
Sur ce point et en ce qui concerne la protection des marchés publics dans le secteur de la défense, l'Europe doit continuer à être très clair face aux États-Unis.
Nous devons donc aujourd'hui avoir le triomphe plus que modeste, et nous concentrer sur l'avenir.
Pour l'avenir, j’invite le gouvernement français à ne pas céder, comme il a cédé sur tout en Europe depuis un an. L'échec cuisant de la France dans les négociations pour le prochain budget pluriannuel a été le triste et le meilleur révélateur de la faiblesse de la France aujourd'hui en Europe.