Débat sur la politique spatiale européenne et le programme Copernicus

18 septembre 2013

J'ai organisé au Parlement Européen une conférence sur la politique spatiale européenne et le programme Copernicus.

 

 

Vous trouverez ci-dessous mon discours à cette occasion :

 

"Seul le prononcé fait foi"

 

Mesdames, Messieurs,

 

Chers collègues,

 

C'est un plaisir pour moi de vous accueillir à ce débat sur la politique de données spatiales du programme européen d'observation de la Terre "Copernicus".

 

Je remercie tout particulièrement l'Agence spatiale européenne (ESA) et l'association européenne des compagnies de télédétection (EARSC) pour leur participation à l'organisation de cet évènement.

 

Je remercie également les intervenants qui ont répondu présent, et que je présenterai dans leur ordre d'intervention:

 

 

M. Sawyer de l'EARSC,

M. Liebig de l'Agence spatiale européenne,

M. Schulte-Braucks et M. Swetenham, de la Commission européenne.

 

En préparant cette conférence, j'ai pu m'en rendre compte directement, les Européens sont très attachés à la politique spatiale européenne. L'aventure spatiale, c'est avant tout de l'ambition, l'Europe des grands projets industriels. Elle passionne petits et grands, et tous soutiennent notre ambition de découvrir toujours plus, de voyager toujours plus loin. Parce que cette Europe spatiale, c'est l'Europe qui est encore capable de fédérer les Européens autour d'une ambition commune, au-delà des partis et des clivages idéologiques. En période de crise, cette unité nécessaire derrière les grands projets est d'autant plus flagrante: le programme Copernicus pourrait créer des milliers d'emplois, et renforcer la compétitivité de l'Union européenne sur la scène internationale. Il est donc temps pour nous d'avoir les moyens de nos ambitions.

 

Car l'espace, ça n'est pas seulement un rêve que nous avons en commun, c'est aussi un élément clef pour affirmer la puissance de l'Europe: la maîtrise de son territoire, la puissance de son industrie, son leadership dans la recherche et l'innovation scientifique. Et c'est un secteur économique dynamique, qui compte déjà près de 35 000 emplois hautement qualifiés. Ensemble, nous voulons faire de l'Union européenne une véritable puissance spatiale de premier plan.

 

GMES, aujourd'hui rebaptisé Copernicus, c'est le programme européen d'observation de la Terre. Depuis que je suis élue au Parlement européen, je me suis engagée sur le dossier GMES. J'avais été rapporteur fictif sur ce dossier pour mon groupe politique, le PPE, en 2009-2010, et j'étais restée mobilisée pour que son financement soit maintenu dans le budget européen, aux côtés de Vittorio Prodi et Norbert Glante, ou encore de Christine de Veyrac. J'ai également entretenu un dialogue régulier avec le Vice-président Tajani, que j'ai encore rencontré la semaine dernière en compagnie de Vittorio Prodi et Amalia Sartori pour parler du dossier Copernicus. Mon groupe politique, le PPE, m'a à nouveau désigné rapporteur fictif pour le suivi de ce dossier, avec la nouvelle proposition de règlement sur le programme Copernicus. Mon ambition dans cette procédure, elle est claire: grâce à ce programme, que l'Europe se donne les moyens d'être au cœur de la protection de l'environnement et de la gestion des ressources à l'échelle mondiale.

 

Grâce aux données qu'il collecte et aux informations qu'il produit, il va permettre à tout un ensemble de services innovants de voir le jour, pour améliorer la qualité de vie des Européens. À la clef, on estime que ce sont 85 000 nouveaux emplois qui pourraient ainsi être créés entre 2015 et 2030.

 

Investir dans le domaine spatial, c'est donc investir dans l'ensemble de l'économie européenne, pour la croissance et l'emploi. En période de difficultés économiques, cela aurait été une erreur de réduire nos ambitions.

 

Le 12 juillet, la Commission a publié un acte délégué qui va permettre de mettre en œuvre l'objectif d'un accès entier et ouvert aux informations et aux données produites par Copernicus et son infrastructure. Le délai d'objection à cet acte délégué a été repoussé, ce qui nous donne l'occasion d'en discuter plus amplement avec l'ensemble des acteurs concernés. J'espère que cette conférence participera à permettre un dialogue constructif.

 

En somme, pourquoi voudrait-on diffuser les données de Copernicus, car c'est bien là la question centrale qui intéresse les Européens. Toute cette information, une fois qu'elle a été récoltée, stockée, et si elle n'a pas un caractère particulièrement secret ou d'intérêt national, il ne semble a priori pas y avoir de raison pour en limiter l'accès. Dès 2010, nous avons pris position au Parlement européen pour que l'accès à ces données soit le plus large possible. Mais la diffuser, il y a encore quelques années, c'était une autre histoire: il aurait fallu publier, diffuser sur des supports physiques, et ça coûtait de l'argent. Aujourd'hui, diffuser une information, ça peut se faire en quelques clics, et ça ne coûte quasiment rien. Alors pourquoi s'en priver?

 

Plusieurs études ont déjà démontré les très larges retombées économiques attendues d'une ouverture des données publiques. Tout récemment, l'EARSC a publié un rapport qui montrait que l'ouverture des données de Copernicus pourrait apporter de nombreux bénéfices à l'ensemble de nos économies.

 

Pourquoi est-ce intéressant de diffuser tout particulièrement les données de Copernicus? Déjà, pour jouer dans la même cour que nos concurrents internationaux: les États-Unis ont rencontré un franc succès avec l'ouverture de leurs données Landsat. Alors si l'on veut éviter un marché dominé par les données Landsat, nous avons besoin de nous mettre à niveau rapidement. Cela correspond également à une tendance lourde au niveau international, notamment dans le cadre du groupe pour l'observation terrestre GEO.

 

Aujourd'hui, nous avons l'acte délégué de la Commission. Que faire à partir de là? Si nous avons mis un point d'interrogation au titre de ce débat, c'est justement parce que cet acte délégué ne répond pas à toutes nos questions. Oui, l'ouverture des données pourrait engendrer d'importantes retombées dans de nombreux secteurs de nos économies. Mais est-ce au risque de menacer notre propre industrie de l'observation de la Terre? L'Europe a toujours été en pointe en matière de technologie et de recherche spatiale, et nous ne voudrions pas nous tirer une balle dans le pied en menaçant la survie de nos fleurons industriels. Quels sont les arguments avancés? Pour beaucoup, cela pourrait permettre de dynamiser l'ensemble du marché lié à ces données, en amont mais surtout en aval, avec le développement d'applications commerciales toujours plus nombreuses.

 

Mais d'autres répondent que cette ouverture ne doit pas se faire aux dépends de la compétitivité des acteurs européens présents sur ce marché, qui ont toujours joué un rôle important dans la fourniture de données spatiales aux côtés de GMES. Nous avons tout intérêt à conserver un secteur satellitaire privé fort, et c'est pourquoi nous nous interrogerons ici sur les modalités qui permettront d'accompagner ces opérateurs dans la transition vers la fourniture de données ouvertes et gratuites par Copernicus.

 

Je ne vais pas parler plus longtemps, je veux laisser toute la place à nos intervenants et aux débats. Je laisse donc la parole à Geoff Sawyer, qui va nous présenter les résultats de l'étude réalisée par l'EARSC sur les bénéfices que pourrait apporter l'ouverture des données de Copernicus.

 

Je vous remercie de votre attention.

Publié par Rachida Dati dans Accueil, L’Euroscope