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Billet d'humeur

L’Europe du n’importe quoi

Jeudi 22 septembre 2011

Triste spectacle que cette réunion du Conseil des Ministres européens de l’Agriculture, mardi dernier! Sur le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD), aucune décision n’a été prise, alors qu’on parlait de réunion de la dernière chance!

Aucune décision, sauf un report salutaire obtenu grâce à l’action déterminée de Bruno Le Maire. Ce report nous appelle à rester mobilisés!

Car quel est l’enjeu? Aujourd’hui, ce sont 80 millions d’Européens qui vivent sous le seuil de pauvreté. Ils seraient 18 millions à bénéficier des 440 000 tonnes de denrées alimentaires distribuées aux associations dans le cadre du PEAD.

Et alors qu’avec la crise, les Européens sont de plus en plus nombreux à être plongés dans la pauvreté, la Commission européenne a annoncé en juin dernier qu’elle entendait diviser le budget du PEAD de 76% dès l’an prochain. Avec pour seule défense l’enregistrement d’une décision du Tribunal de l’Union européenne.

En cause, une utilisation devenue trop systématique d’une enveloppe financière pour acheter les denrées, au lieu du troc de matières premières pratiqué lorsque les stocks de la PAC étaient largement excédentaires.

C’est vrai alors, on peut parler de dénaturation. On peut entendre l’argument qui veut que ces achats se fassent dans le cadre de la politique sociale – qui relève essentiellement des Etats – plutôt que dans le cadre de la politique agricole commune.

Mais, ouvrons les yeux! Quelle valeur a cet argument face à la détresse de millions d’Européens? Est-ce que l’on va laisser un problème juridique empêcher nos concitoyens de manger à leur faim?

Si les Etats doivent se mobiliser plus encore, nous ne pouvons pas accepter que l’Europe se désengage ainsi. 

La remise en cause du PEAD comme les hésitations sur le sort de la Grèce sonnent-elles le glas de l’Europe telle qu’elle avait été imaginée? Cette Europe fondée sur le principe de solidarité?

Tout comme il n’est pas question d’abandonner la Grèce, nous refuserons d’abandonner les associations, les bénévoles, et surtout nos concitoyens les plus démunis qui bénéficient du PEAD.

L’Europe du chacun pour soi, c’est l’Europe du n’importe quoi.

La subsidiarité, c’est l’argument de la facilité, pour ne pas dire de la lâcheté. Ce n’est pas l’Europe ou les Etats, cela doit être l’Europe et les Etats. Et maintenir le budget actuel du PEAD, c’est le minimum vital. Il faudrait plutôt l’augmenter! Au-delà du droit, de la lettre des traités, Europe comme Etats, nous avons une obligation morale envers ceux qui ont le moins.

D’autant plus que les solutions existent! Et elles ne sont pas compliquées, il suffit d’un peu de bonne volonté. La Commission européenne propose -aujourd’hui avec plus d’insistance- un régime transitoire pour maintenir le budget du PEAD pendant 2 ans, avant de l’intégrer à la politique de cohésion dans le prochain budget pluriannuel de l’Union européenne.

« Quand l’Europe veut, l’Europe peut! » Cela ne doit pas être un simple slogan! Il en va de l’utilité et de la crédibilité de l’Europe.

Où est cette Europe politique post-Lisbonne qui devait marquer l’avènement de l’Europe de tous les possibles? On a l’impression aujourd’hui que l’Europe est devenue un fardeau plutôt qu’un espoir, que l’Europe survit face aux résistances nationales.

Où est cette Europe incarnée que Lisbonne devait permettre? Les outils sont là, mais les personnalités sont absentes. L’Europe des technocrates semble tristement avoir de beaux jours devant elle, tant que la volonté politique ne reprendra pas le dessus.

Combien de fois au cours des derniers mois, ai-je interpellé Monsieur Barroso et Madame Ashton en leur demandant d’agir, d’honorer la charge éminente qui leur incombe? Sur le printemps arabe, sur la maîtrise de l’immigration, sur l’intégration et évidemment sur le PEAD…Mes interpellations sont restées trop souvent sans réponses.

A tel point que nous sommes plusieurs aujourd’hui au Parlement européen a en avoir assez  du peu de réactivité de ces dirigeants européens, coupables de laisser les Etats revenir à l’Europe du chacun pour soi!

Si ceux qui incarnent aujourd’hui l’Europe ne se sentent pas à la hauteur, qu’ils cèdent leur place!

La déroute du PEAD est aujourd’hui devenue le symbole de cette Europe dont nous ne voulons pas. Mais il n’est pas trop tard pour réagir. Et je demande instamment aux Ministres de l’Agriculture et à la Commission européenne de montrer le chemin avec le PEAD.

L’Abbé Pierre a dit que « la première règle avant d’agir consiste à se mettre à la place de l’autre. Nulle vraie recherche du bien commun ne sera possible hors de là ».

Ces paroles sages, les responsables politiques des Etats qui forment aujourd’hui la minorité de blocage doivent les entendre. Mettez-vous à la place de celui qui ne peut pas manger à sa faim! Plus généralement, mettez-vous à la place du citoyen européen qui ne veut plus croire à l’Europe telle que vous nous la présentez! Et ne nous faites pas honte!