www.rachida-dati.eu
Accueil | Contact | Infos légales | Plan de site | Outils | RSS |  
 


 
Billet d'humeur

Où sont les femmes?

Vendredi 11 mars 2011

Alors que nous avons célébré, cette semaine, le 100ème anniversaire de la Journée internationale de la femme, de plus en plus de voix se font entendre, en Europe, pour appeler à plus d’égalité entre les femmes et les hommes au sein des entreprises.  

Dans une récente tribune publiée dans l’International Herald Tribune, Jerzy BUZEK, Président du Parlement européen et Viviane REDING, Vice-Présidente de la Commission européenne, proposent l’instauration de quotas de femmes dans les conseils d’administration des entreprises européennes.

L’ambition serait d’avoir, d’ici 2015, 30% des femmes au sein des conseils d’administration, et 40% d’ici 2020.

Au Parlement européen, le rapport d’initiative de ma collègue l’eurodéputé bulgare Mariya NEDELCHEVA (PPE) voté cette semaine à Strasbourg, évoque également l’instauration de quotas. Ce rapport, qui traite de l’égalité entre les femmes et les hommes dans les pays de l’Union européenne, préconise une augmentation du nombre de femmes aux postes à responsabilité. Les quotas sont considérés comme un moyen permettant d’atteindre cet objectif.

C’est un dispositif qui existe déjà dans plusieurs pays européens.

La Norvège, par exemple, compte aujourd’hui 38 % de femmes dans les conseils d’administration de ses plus grandes entreprises.  

En France, l’Assemblée Nationale a définitivement adopté en janvier dernier une loi visant à promouvoir la parité femmes-hommes dans les conseils d’administration des grandes entreprises. Ils devront compter 40% de femmes d’ici 2017.

En Italie, une commission parlementaire a approuvé cette semaine l’instauration d’un quota de 20% d’ici 2012 et 30% d’ici 2015 de femmes au sein des conseils d’administration des entreprises publiques et de celles cotées en bourse. Cette question fait également l’objet d’un débat en Allemagne.

Ces mesures amènent certains à s’interroger sur la pertinence de cette « politique du chiffre ». N’est-ce pas finalement institutionnaliser l’inégalité, et non la combattre? N’est-ce-pas seulement une solution « rapide » qui évite de se confronter aux vrais enjeux? 

Je ne le crois pas. C’est, au contraire, avoir le courage de reconnaître qu’un problème existe dans notre société et de chercher à y remédier. Adopter des mesures correctives aujourd’hui, c’est œuvrer pour ne plus en avoir besoin demain, c’est œuvrer de façon pragmatique et engagée pour que s’installe au sein de notre société une véritable culture de l’égalité.

Je remarque d’ailleurs que ceux qui s’opposent à de telles mesures n’offrent, en retour, aucune alternative crédible. Face à l’urgence de la situation, se complaire dans l’immobilisme serait pourtant la plus grande défaveur faite aux femmes.  

Mais veillons à ne pas limiter ce débat aux seules grandes entreprises. Ces femmes ne doivent pas être des exceptions. Leur présence à de telles fonctions doit leur permettre d’être de véritable porte-voix pour toutes les autres dans la société. Elles seront en effet conscientes des difficultés que les femmes rencontrent au quotidien sur leur lieu de travail.

Le débat doit dépasser les seuls conseils d’administration en considérant les difficultés et la réalité de toutes les femmes dans notre pays.

En effet, dans une étude du Forum Economique Mondial, la France se classe en 2010 au 127ème rang mondial (sur 134 pays!) pour les écarts salariaux entre les femmes et les hommes, le revenu moyen des françaises étant établi à seulement 64% de celui des français.

Comment rester inerte face à une telle inégalité?

Si la question de l’égalité salariale a fait l’objet de plusieurs lois au cours des dernières décennies, ces chiffres démontrent que ce problème est pourtant loin d’être résolu.

Il faut sans doute avoir une approche plus globale de ces questions. Il ne doit pas seulement s’agir de satisfaire à une réglementation.

Au delà de ces « quotas », il faut, je crois, réfléchir aux réalités quotidiennes de toutes les femmes. Cela doit passer notamment par la construction et le développement d’infrastructures et d’équipements, qui leur permettent de concilier sereinement vie professionnelle et vie privée.

Le manque de places en crèche, par exemple, est un grand problème pour beaucoup d’entre elles.  Car, de fait, on le sait, les femmes sont celles qui, au sein du couple, s’occupent très majoritairement de l’éducation des enfants et des tâches ménagères.

C’est donc sous tous ces aspects que le débat doit vivre.

Car notre objectif, quel est-il dans ce débat?

Ce n’est pas seulement de soulever le problème, mais d’apporter des solutions viables et concrètes qui permettront de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes non seulement une réalité, mais à terme… une banalité.