Le pacte de discipline budgétaire a été accepté la semaine dernière par les parlements danois et suédois, ainsi que par le peuple irlandais, consulté par référendum. La ratification suit donc son cours. Mais la France s’obstine : il symboliserait la rigueur et ferait obstacle à la croissance.
Croissance. C’est le « buzz word » de ce début de quinquennat. François Hollande s’est autoproclamé défenseur de la croissance, face à une Europe qui serait reine de l’austérité.
On reste vague, on brouille les pistes et on espère, avec mépris, que personne ne comprendra. On joue avec les mots pour donner l’illusion d’imposer sa vision sur la scène européenne et internationale.
Mais le temps des promesses électorales populistes est passé. Place à la Realpolitik. Il n’est plus temps d’utiliser ces méthodes d’une autre époque. Celle où les déficits publics ne menaçaient pas la survie de la zone euro toute entière. Celle où la dépense n’était pas sévèrement limitée par la situation budgétaire des Etats.
Chacun peut comprendre que lorsqu’on est endetté, on ne peut pas continuer à dépenser sans un retour à une certaine discipline budgétaire. L’Europe l’a compris. Et elle s’y tiendra fermement, quoi qu’en dise aujourd’hui François Hollande.
François Hollande veut nous faire croire que l’Europe fait le choix de l’austérité au détriment de la croissance. C’est une imposture. Il est temps de rétablir certaines vérités.
L’Europe n’a pas attendu l’élection de Monsieur Hollande pour faire de la croissance une priorité. Ni les Etats, ni le Parlement européen. Il veut une taxe sur les transactions financières européenne? Il y a 10 jours, nous avons voté pour un texte en faveur de sa mise en œuvre. Faut-il rappeler que c’est Nicolas Sarkozy qui le premier a mis ce dossier sur la table des négociations européennes? M. Hollande s’est également approprié les project bonds. Là aussi, heureusement, on ne l’a pas attendu : un texte au niveau européen doit être prochainement adopté. Quant aux euro-obligations, ce n’est pas le moment. D’abord on doit utiliser les mécanismes existants : on fait jouer la solidarité avec le MES, le FESF. Et dans le même temps, on assainit les finances publiques, avec le pacte de discipline. Après seulement on discutera s’il le faut, des euro-obligations. On ne va pas mettre nos dettes en commun si le seul résultat certain, ce serait de pénaliser les pays vertueux.
Vouloir renégocier le Pacte de discipline budgétaire pour relancer la croissance en Europe est une ineptie. Cela risquerait même de la freiner. Cette idée est née pendant la campagne. Faire plier Berlin et se donner une crédibilité européenne, c’était et c’est peut-être sans doute encore l’objectif de François Hollande. Mais dire que l’austérité seule a provoqué les crises sociales en Grèce et en Espagne, c’est indécent et c’est jouer avec les peurs des Français. Ce que M. Hollande appelle l’austérité, c’est peut-être plus simplement : fixer des règles pour dépenser mieux, avant de penser à dépenser plus. M. Hollande confond les deux, et c’est bien là son erreur.
Les moyens envisagés pour relancer la croissance en Europe doivent évidemment dépasser le recours à la dépense prônée par François Hollande. Même l’ancien Chancelier socialiste Gerhard Schröder, que tout le monde s’accorde à désigner comme l’un des artisans majeurs des bons résultats allemands, nous le dit: « On ne peut pas d’un côté financer la croissance sans introduire de l’autre des réformes structurelles ». Il faut cesser de se voiler la face : si l’économie ne va pas bien, il faut en traiter les causes, pas recouvrir du sparadrap de l’argent public les plaies béantes de la croissance.
Comment? En renforçant le marché unique et en libéralisant le commerce, pour accroître les opportunités que nous offrent les marchés européen et mondial. En allégeant les contraintes sur les entreprises pour les encourager à investir et à embaucher. La croissance et les réformes structurelles sont, dans le contexte européen actuel, indissociables.
Au G8 il y a quelques semaines, François Hollande a de nouveau voulu jouer sur les mots. La croissance est érigée en priorité et il nous dit avoir déjà «honoré» le mandat que les Français lui ont confié. C’est faire mine d’ignorer que les moyens proposés par le G8 pour la croissance ne correspondent pas au modèle dépensier prôné par François Hollande. Et le voilà, renvoyé au ministère de la parole, au détriment de l’efficacité de son action.
Mais on ne fait pas sortir un continent de la crise avec des belles paroles. De peur de risquer son score aux élections législatives, François Hollande s’enterre aujourd’hui dans l’immobilisme, et redouble de déclarations d’intentions. Cela, nous ne l’acceptons pas. Nous nous battrons pour que l’action, le courage et la responsabilité l’emportent… dans l’intérêt de tous les européens.