Il y a un peu plus d’un an déjà, je suis devenue Député européen. Un mois auparavant, nous avions réalisé en Ile-de-France, avec Michel Barnier et l’ensemble de nos colistiers, un score historique pour la droite aux européennes.
Ce formidable espoir sorti des urnes nous oblige plus d’un an après à veiller à ne pas décevoir ceux qui nous ont élus, mais aussi ceux qui ne nous ont pas élus.
Ce résultat m’a confortée dans le choix qui fut le mien de me présenter aux élections européennes. Au Parlement européen, il a fallu trouver mes marques, trouver un nouveau rythme de travail, réorganiser ma vie politique et privée entre Bruxelles, Strasbourg et Paris. Une fois cette étape franchie, j’ai réellement pris goût à mon mandat européen.
Et pour cause! L’année parlementaire qui s’achève a été une année riche en évènements : l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, l’affirmation du rôle de l’Europe sur la scène internationale, le courage de l’Europe à affronter ses propres dysfonctionnements, et enfin le rôle sans cesse accru du Parlement européen pour améliorer le quotidien des européens ont été autant d’évènements qui nous ont montré que nous ne pouvons nous passer d’Europe.
Il y a un an, nous avons été élus sur un programme clair : bâtir une Europe plus politique et plus proche des citoyens.
Le volontarisme de Nicolas Sarkozy, sous Présidence française de l’Union européenne au second semestre de l’année 2008, avait montré à toute l’Europe qu’avec une vision politique claire, on pouvait beaucoup.
C’est avec tous les succès de la Présidence française que nous avons pu nous présenter devant les électeurs en rappelant que « Quand l’Europe veut, l’Europe peut« . C’était bien plus qu’un slogan de campagne. Les électeurs l’ont d’ailleurs bien compris.
Et c’est encore plus vrai aujourd’hui, depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Avec celle-ci de grandes mutations institutionnelles ont eu lieu. Les prérogatives du Parlement européen, seule institution européenne élue au suffrage universel direct, se trouvent ainsi renforcées.
Le défi de rapprocher l’Europe de ses citoyens reste, néanmoins, entier, et doit, en tant que Député européen, capter toute notre énergie. Un sondage récent d’Eurobaromètre a, en effet, révélé la très faible connaissance des européens (et plus encore des français) du Parlement européen : moins d’un tiers des Européens disent être bien informés sur les activités du Parlement européen (en France, c’est un quart seulement!).
Ce décalage est d’autant plus navrant que l’Europe s’affirme de plus en plus en tant que leader politique sur la scène mondiale.
L’Europe a été un vrai moteur dans le processus de moralisation du capitalisme financier. On l’a vu à Pittsburgh en septembre dernier : elle y est arrivée avec des positions claires et fortes, qui ont été pour beaucoup reprises par l’ensemble des membres du G20. Je pense notamment à l’encadrement de la rémunération dans le secteur bancaire, qui a d’ailleurs fait l’objet d’un texte adopté, il y a peu, au Parlement européen.
Cet élan de réformes financières ne s’est pas arrêté aux décisions prises au G20. L’Europe travaille activement, encore aujourd’hui, à une meilleure régulation du capitalisme financier. La commission parlementaire des affaires économiques et monétaires dont je suis membre a récemment adopté un rapport visant à encadrer les gestionnaires de fonds d’investissements alternatifs, dont les fameux hedge funds. Elle s’est également prononcée en faveur d’un renforcement de la surveillance financière en Europe.
Si l’Europe s’engage pour la nécessaire régulation financière, elle n’a pas non plus oublié son combat contre le changement climatique. A l’approche de la Conférence de Copenhague, les Vingt-Sept ont réussi à trouver une position commune et forte avant d’entamer les négociations. Souvenons-nous de la proposition européenne de porter à 30%, son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, en cas d’engagements forts de leurs partenaires. Il y avait aussi les aides financières en faveur des pays du Sud : celles-ci ont trouvé une traduction concrète dans l’accord qui fut finalement trouvé à Copenhague.
Malgré tout, c’est peu de dire que Copenhague n’a pas tenu toutes ses promesses. Aujourd’hui l’Europe n’a pas le droit de se résigner. Elle doit avoir deux priorités : rester elle-même vertueuse et inciter ses partenaires commerciaux à le devenir, notamment par l’instauration d’une taxe carbone à ses frontières. Je me réjouis de voir que l’idée d’un tel mécanisme fait son chemin : la Commission l’a en effet évoqué, dans une communication récente, comme une option pour éviter les fuites carbones. Je me suis beaucoup engagée sur cette question au cours des derniers mois. Je suis convaincue qu’aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de protéger nos entreprises et nos emplois de ce que l’on appelle le dumping environnemental.
Pour pouvoir être exemplaire et crédible sur la scène internationale, l’Europe doit avoir le courage de faire face à ses propres dysfonctionnements : la situation budgétaire de beaucoup d’Etats européens est devenue aujourd’hui intenable.
Un vent de panique a soufflé en Europe à l’automne dernier lorsque le nouveau gouvernement grec a annoncé des prévisions budgétaires revues significativement à la hausse. Il a fallu venir en aide de manière urgente à la Grèce : c’était l’avenir de la zone Euro toute entière qui était hypothéquée. Alors qu’un vif débat a eu lieu entre pays membres de la zone Euro, nous nous sommes finalement retrouvés autour d’un plan d’aide de 110 milliards d’euros.
Il ne s’agissait pourtant que de la partie émergée de l’iceberg, c’est une crise plus profonde qu’il faut aujourd’hui à tout prix enrayer : celle de la zone euro toute entière. Alors que certains pays sont à l’heure actuelle plus menacés que d’autres, nous sommes tous concernés par les changements structurels qui doivent aujourd’hui s’effectuer.
La priorité a été de mettre en place un mécanisme de garantie pour les pays de la zone euro. C’est ainsi qu’une enveloppe maximale de 750 milliards d’euros a été décidée. L’instauration de ce mécanisme a un corollaire nécessaire : celui d’un assainissement de nos budgets.
La situation actuelle nous a mis dos au mur : l’Europe a enfin compris qu’il fallait qu’elle se dote d’un véritable gouvernement économique européen. Nicolas Sarkozy plaide depuis longtemps pour l’instauration d’un tel mécanisme : la situation actuelle a achevé de convaincre nos partenaires européens de son urgence.
L’Europe, au-delà de ces grands sujets d’actualité, ce sont aussi des réalisations concrètes. Le Parlement européen a adopté, cette année, de nombreux textes qui vont dans le sens d’une amélioration de la vie quotidienne des citoyens : que ce soit par exemple dans le domaine agricole (en mars dernier un texte sur la qualité des produits agricoles a été adopté), dans celui de l’éducation (avec un texte sur un nouveau partenariat université-entreprise), ou plus récemment dans celui de l’alimentation (avec un texte voté le mois dernier à Strasbourg sur l’étiquetage nutritionnel).
Si nous avons beaucoup travaillé au Parlement européen cette année, je considère que le rôle du Député européen ne doit pas se limiter aux réunions parlementaires. Je considère qu’il y doit y avoir un « volet extérieur » à l’action du Député.
Nous serions de bien piètres élus si nous ne nous rendions pas régulièrement auprès de ceux que nous représentons. C’est pour cela que depuis le début de mon mandat, j’ai multiplié les déplacements pour aller expliquer notre action au Parlement européen, aborder l’actualité européenne, notamment dans les écoles, ou les universités.
Nous ne pouvons pas non plus nous limiter à notre terre d’élection : pour avoir une vision d’ensemble, nous devons nous rendre aussi dans les autres Etats membres de l’Union européenne. Dans le cadre de mon action en faveur de la taxe carbone aux frontières, j’ai été à la rencontre de plusieurs ministres européens chargés de la question du changement climatique, comme par exemple au Royaume-Uni ou en Espagne. Inlassablement expliquer, tenter de convaincre, que si nous ne voulons pas du protectionnisme, l’Europe ne doit pas pour autant oublier de protéger ses citoyens. 
Nous devons aussi aller défendre les intérêts européens, aller expliquer ce que fait l’Europe au-delà de nos frontières : j’ai au cours de cette année fait de nombreux déplacements, comme par exemple aux Etats-Unis, au Maroc, en Tunisie, en Turquie ou encore en Syrie.
A Washington, j’ai pu rencontrer mon ex-homologue américain, le Ministre de la Justice, Eric Holder, pour aborder des dossiers qui concernent l’Europe et les Etats-Unis, comme par exemple les accords SWIFT et PNR.
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Si, comme j’ai essayé de vous le montrer, l’Europe agit toujours plus en faveur des citoyens, il reste encore beaucoup à accomplir. En particulier, demain il ne faudra pas relâcher nos efforts pour rapprocher l’Europe de ses citoyens.
L’Europe peut beaucoup : c’est la conviction qui guide toute mon action au Parlement européen.
C’est notre rôle de Député européen, non seulement d’être à votre écoute, d’agir en votre faveur mais aussi d’expliquer ce que nous faisons. Soyez exigeant avec nous, nous vous devons des comptes ! Vous ne nous avez pas élus pour que nous restions les bras croisés. Nous devons faire bouger les lignes! Vous pouvez compter sur ma détermination à continuer à agir au service de l’Europe et des européens à la rentrée prochaine.