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Billet d'humeur

Vous avez dit « financements innovants »?

Vendredi 24 septembre 2010

Alors que le sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement vient de s’achever à New-York, ses conclusions doivent nous interpeller. L’ensemble des fonds publics depuis l’an 2000 ne devrait pas suffire à réduire de moitié la pauvreté dans le monde.

A l’ONU, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a proposé lundi la mise en place d’une taxe sur les transactions financières; un mode de financement innovant, qui contribuerait à atteindre les Objectifs du millénaire que nous nous étions tous fixés, il y a déjà dix ans.

Retour en arrière…

En 2000, les 189 pays membres de l’ONU ont adopté « la Déclaration du Millénaire ». Il s’agissait, en ce début de siècle, de faire de la lutte contre l’extrême pauvreté une priorité.

Le 8 septembre 2000, à New-York, les Nations-Unies adoptent une liste de huit grands objectifs à remplir avant 2015 :

1 – Réduire l’extrême pauvreté et la faim

2 - Assurer l’éducation primaire pour tous

3 - Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

4 - Réduire la mortalité infantile

5 - Améliorer la santé maternelle

6 - Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies

7 - Préserver l’environnement

8 – Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

A la seule lecture de ces objectifs, on se rend vite compte qu’on est encore très loin du compte. Aujourd’hui, c’est un quart de la population mondiale qui vit sous le seuil de pauvreté. On estime, par ailleurs, qu’un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde.

La dernière crise alimentaire au Niger est, par ailleurs, venue rappeler les dégâts humanitaires tragiques causés par la faim dans le monde. Dans un rapport établi en 2008, l’ONU a même fait état de certaines régions d’Afrique où la situation s’était détériorée depuis le 1er sommet de l’an 2000.

Un manque de moyens financiers

Actuellement, les Etats donateurs apportent une contribution financière que l’on appelle « l’Aide Publique au Développement » (APD), qui correspond à un certain pourcentage de leur PIB (fixé en 2000, à 0,7%).

Selon Philippe Douste-Blazy, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon, et ancien Ministre français des affaires étrangères, les sommes issues de l’APD ne sont pas suffisantes. La crise économique est en partie responsable de cette situation puisqu’elle a contraint les Etats à réduire considérablement leurs montants habituels.

A cinq ans de l’échéance fixée, il était donc temps de rappeler ces objectifs et de trouver des moyens de financement concrets et rapides pour venir en aide aux populations les plus pauvres de notre planète.

Une solution : les financements innovants

Il y a une solution à ce problème : les financements innovants. Qu’est-ce que cela implique? L’idée est de taxer des secteurs de l’économie afin de trouver de nouvelles formes de financement pour atteindre les objectifs de développement.

Cela pourrait concerner les billets d’avion – comme c’est déjà le cas en France -, le tourisme, internet,  la téléphonie mobile, ou encore les transactions financières.

Sans être trop élevée, une taxation, établie au niveau mondial, serait un bel exemple de solidarité par delà les frontières.

Parmi ces financements innovants, celui dont on parle le plus est sans doute la taxe sur les transactions bancaires.

Déjà, à Pittsburgh, après le G20 consacré à la crise, le Président de la République avait évoqué cette idée afin de mieux encadrer les marchés financiers.

Cette nouvelle taxe sur les transactions financières irait dans ce sens. Elle présente ainsi un double objectif : anticiper les besoins de régulation des marchés financiers tout en apportant de nouvelles solutions à la lutte contre la pauvreté dans le monde.

En établissant une taxe fixée à un taux considéré comme « indolore » de 0,005% sur chaque transaction financière, on pourrait ainsi obtenir au moins 40 milliards de dollars par an.

Et en Europe?

Au Parlement européen, je travaille pour faire accepter cette solution indispensable aux politiques de développement et que je souhaite voir progresser partout dans le monde. J’ai eu l’occasion de l’évoquer, cette semaine, dans le contexte d’un débat sur le prochain sommet UE-Chine.

Le Parlement européen a déjà adopté une résolution au mois de mars dernier pour souhaiter la mise en place d’une taxation des transactions financières, au niveau européen comme au niveau international.

Cette idée ne fait, pour l’instant, pas l’unanimité en Europe. Mais la France est dans ce projet soutenue par l’Allemagne et l’Histoire, même récente, nous a montré qu’ensemble l’Allemagne et la France jouent un rôle de moteur en Europe. 

De plus, la France prendra la présidence du G20 en novembre prochain (et du G8 à partir de janvier prochain) et Nicolas Sarkozy a d’ores et déjà annoncé qu’il ferait de ces financements innovants une priorité.

Ce sera l’occasion de continuer à dialoguer avec nos partenaires européens et internationaux pour leur montrer toute la pertinence et la nécessité d’un tel dispositif.