Ce pesticide autorisé en France est interdit partout ailleurs en Europe : pourquoi personne n’en parle

Ce pesticide autorisé en France est interdit partout ailleurs en Europe : pourquoi personne n’en parle

C’est une information que peu de médias osent relayer, et pourtant, elle concerne directement ce que vous mangez. Alors que la plupart des pays européens l’ont banni depuis plusieurs années, la France continue d’autoriser l’usage d’un pesticide pourtant jugé dangereux par plusieurs agences sanitaires.

Pourquoi un tel silence autour de ce produit ? Et surtout, pourquoi est-il encore utilisé sur nos fruits et légumes ?

Un pesticide controversé, mais toujours utilisé dans nos champs

Le produit en question s’appelle le thiaclopride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Surnommé par certains chercheurs “le tueur d’abeilles discret”, il est pointé du doigt depuis des années pour ses effets potentiels sur la biodiversité, le système hormonal humain et le développement cérébral des enfants.

En 2020, la Commission européenne a retiré son autorisation de mise sur le marché après avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui estimait que les risques étaient “inacceptables”.

Mais en France, des dérogations ont été régulièrement accordées, notamment pour les cultures de colza et certains fruits à pépins. En toute discrétion.

“C’est un scandale silencieux”, s’indigne un toxicologue anonyme qui travaille avec plusieurs ONG environnementales. “Officiellement, il est interdit. Mais dans les faits, les producteurs peuvent continuer à l’utiliser sous certaines conditions. Et les consommateurs n’en savent rien.”

Des dérogations temporaires… qui durent depuis des années

Ce paradoxe français s’explique par un mécanisme administratif bien connu : les “autorisations temporaires d’utilisation” (ATU), censées répondre à des situations “exceptionnelles”. Sauf que ces exceptions deviennent parfois la règle.

En 2023, plusieurs centaines d’hectares de cultures ont encore été traités au thiaclopride sur le territoire français. Et ce, malgré la pression croissante d’associations écologistes et de citoyens inquiets.

La raison avancée par certains agriculteurs et syndicats ? L’absence d’alternatives efficaces à court terme. “On ne peut pas laisser les champs à la merci des ravageurs”, confie un producteur de pommes dans le sud-ouest. “Sans ce produit, on perd 30 à 40 % de la récolte. Personne ne veut ça.”

Mais les ONG dénoncent un double discours. “D’un côté, on parle de transition écologique, et de l’autre, on prolonge l’usage d’un produit interdit ailleurs. C’est incohérent”, tranche la porte-parole de Générations Futures.

Que risquent vraiment les consommateurs ?

Selon les experts, les doses de résidus détectées dans l’alimentation restent dans les “seuils autorisés”. Mais plusieurs études récentes suggèrent que les effets à long terme pourraient être sous-estimés, notamment en cas d’exposition répétée à faible dose.

Les enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées seraient les plus à risque. Et comme toujours, le problème vient du “cocktail” de substances présentes dans un même aliment : un pesticide seul peut être tolérable, mais associé à d’autres, les effets deviennent plus flous.

Autre inquiétude : le manque d’étiquetage clair. En l’état actuel, rien ne permet au consommateur de savoir si un fruit ou un légume a été traité au thiaclopride, ni d’identifier les produits importés qui, eux, ne peuvent plus en contenir.

Vers une interdiction définitive ?

Officiellement, la France s’est engagée à “réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici 2030”, dans le cadre du plan Ecophyto. Mais dans les faits, les dérogations continuent de s’enchaîner, et peu de sanctions sont prises en cas de non-respect des règles.

Certains députés demandent aujourd’hui la fin totale et immédiate de toute utilisation du thiaclopride, en phase avec la réglementation européenne. Mais pour l’instant, aucun calendrier précis n’a été annoncé.

Alors, pourquoi personne n’en parle ? Peut-être parce que ce sujet dérange autant qu’il inquiète. Et parce qu’il révèle, une fois de plus, les contradictions d’un système agricole coincé entre productivité, santé publique et écologie.

🔎 À retenir :

  • Le thiaclopride est interdit dans toute l’UE… sauf en France via des dérogations
  • Il est suspecté de nuire aux abeilles, aux hormones et au développement cérébral
  • Il est encore présent sur certains fruits cultivés localement
  • Aucune obligation d’étiquetage ne permet de l’identifier dans nos assiettes

Et vous, pensez-vous qu’on devrait interdire ce pesticide une bonne fois pour toutes ?


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