C’est une décision qui fait grincer des dents en plein été. Dans une petite commune du sud-ouest de la France, les barbecues viennent d’être interdits par arrêté municipal, même dans les jardins privés.
Entre incompréhension, colère et soutien discret, la mesure divise les habitants. Mais le maire, lui, assume pleinement cette décision impopulaire — et il explique pourquoi.
Une mesure radicale… née de l’urgence climatique
La commune de Saint-Laurent-de-Saillans, nichée entre forêt et collines sèches, fait face depuis plusieurs années à un risque accru d’incendies. Avec les vagues de chaleur de plus en plus précoces, les feux de végétation se multiplient autour du village.
“L’année dernière, on a frôlé la catastrophe à deux reprises. Une braise de charbon mal éteinte, et c’était 5 hectares partis en fumée”, explique le maire, Jean-Marie Bracon, visiblement fatigué mais déterminé.
Depuis début juin, un arrêté interdit :
- les barbecues au charbon, gaz ou bois dans tout le périmètre communal (jardins, terrasses, espaces publics),
- les planchas à gaz ou électriques en extérieur non couvert,
- et même les feux de camp ou braseros “décoratifs”.
Des patrouilles de la police municipale effectuent des rondes en soirée. En cas d’infraction : 135 € d’amende immédiate.
Une fronde locale… mais aussi du soutien
Dans les commerces du centre-ville, le sujet est sur toutes les lèvres. Certains habitants dénoncent une atteinte à leurs libertés :
“C’est l’été, on n’a pas de piscine, pas de clim, et maintenant on n’a même plus le droit de griller une merguez sur le balcon ? On va où, là ?”, fulmine Michel, 57 ans, boucher retraité.
Mais d’autres, souvent plus jeunes, comprennent la mesure :
“Quand tu vois les incendies à 5 km de chez toi, t’as plus envie de jouer avec le feu. Littéralement.”
Le maire, lui, reste ferme :
“On m’accuse de tuer la convivialité. Moi je préfère sauver des maisons. Et des vies.”
Une décision qui pourrait faire des émules ?
Contactée, la préfecture du département rappelle que de telles interdictions sont possibles dès lors qu’un risque majeur est identifié et que le maire agit dans le cadre de ses pouvoirs de police.
Plusieurs communes voisines envisageraient d’adopter des mesures similaires. Dans certaines zones du Var ou de l’Hérault, des arrêtés comparables sont déjà en place pendant les périodes de vigilance rouge.
Le maire de Saint-Laurent-de-Saillans, lui, espère ouvrir un débat national :
“Interdire les barbecues, ce n’est pas tuer l’été. C’est peut-être le seul moyen de le préserver.”
