C’est une petite révolution silencieuse, menée loin des débats nationaux sur l’éducation. Dans une école publique de la Loire, les devoirs à la maison ont été totalement supprimés depuis un an. Pas de leçon à apprendre, pas de poésie à réciter, pas de multiplication à refaire sur la table de la cuisine.
Le plus étonnant ? Les résultats scolaires des élèves… se sont nettement améliorés.
Plus de devoirs, mais plus d’attention en classe
L’expérience a commencé en septembre 2023 à l’école élémentaire Victor-Hugo, dans une commune de taille moyenne près de Saint-Étienne. L’équipe pédagogique partait d’un constat simple : les devoirs accentuent les inégalités, fatiguent inutilement les enfants et génèrent du stress dans les familles.
“On passait plus de temps à corriger les devoirs mal faits qu’à enseigner. Et les élèves les plus en difficulté étaient aussi ceux qui ne les faisaient jamais”, explique Marie, enseignante en CE2.
Résultat : l’école a décidé d’intégrer toutes les phases de révision et d’entraînement dans le temps scolaire, avec des séances spécifiques en petits groupes, des jeux pédagogiques, et des activités de mémorisation innovantes.
Et contre toute attente… les enfants ne sont pas devenus moins rigoureux. Au contraire.
Des résultats en hausse… et des enfants plus sereins
Un an après le début de l’expérimentation, les évaluations nationales montrent une nette progression dans plusieurs domaines : compréhension de texte, calcul mental, orthographe.
“C’est la première fois que mon fils aime vraiment l’école”, témoigne Pauline, maman d’un élève de CM1.
“Avant, les devoirs étaient une bataille tous les soirs. Maintenant, il est plus concentré en classe, et on a retrouvé des soirées tranquilles.”
Les enseignants, eux aussi, observent un changement. Moins de fatigue, moins de conflits, et une atmosphère plus détendue en classe.
“Les élèves ont compris que tout se passe ici. Alors ils écoutent mieux. Ils posent plus de questions. Ils sont moins distraits par l’idée de devoir tout refaire le soir à la maison”, raconte un instituteur.
Une approche encore minoritaire en France
En France, les devoirs écrits à la maison sont officiellement interdits à l’école primaire depuis 1956, mais la pratique reste généralisée dans la plupart des établissements. La majorité des enseignants continuent de donner des exercices à faire à la maison, malgré les directives.
Certaines écoles, comme celle de Victor-Hugo, choisissent aujourd’hui d’aller plus loin, en supprimant également les devoirs oraux et les lectures obligatoires.
Une méthode qui suscite à la fois l’enthousiasme et la méfiance.
“C’est une belle idée, mais tout dépend de la qualité du travail en classe”, nuance une inspectrice de l’Éducation nationale. “Ce n’est pas une solution magique, mais dans certains contextes, cela peut clairement réduire les tensions familiales et améliorer l’efficacité de l’enseignement.”
Une piste pour repenser l’école de demain ?
Face aux résultats encourageants, d’autres établissements de la région envisagent désormais de suivre l’exemple. Des échanges sont en cours avec le rectorat, qui ne s’oppose pas à ces expérimentations locales, tant qu’elles sont bien encadrées.
L’équipe de l’école Victor-Hugo, elle, ne compte pas revenir en arrière.
“On voulait que les enfants retrouvent le plaisir d’apprendre à l’école. Pas de souffrir du soir au matin.”
Et si l’avenir de l’école commençait justement… par laisser les cartables se reposer après 16h30 ?
