C’est une révélation qui fait l’effet d’une bombe dans le monde de la consommation responsable. Une enquête indépendante, menée en toute discrétion dans plusieurs laboratoires européens, révèle que certains produits issus d’une marque bio très populaire en France contiennent des traces de glyphosate, le célèbre (et controversé) herbicide classé comme “probablement cancérogène” par l’OMS.
Pourtant, ces produits affichent fièrement le label “AB” (Agriculture Biologique). Alors comment est-ce possible ? Et surtout, pourquoi personne ne vous en parle ?
Des résidus détectés dans des produits estampillés “bio”
L’étude, financée par une ONG spécialisée dans la qualité alimentaire, a porté sur plusieurs dizaines d’échantillons de céréales, biscuits et farines bio disponibles en grande surface. Parmi eux, plusieurs lots de produits issus d’une grande marque bio française ont montré la présence de résidus de glyphosate, en quantités infimes mais mesurables.
“Nous avons retrouvé des traces comprises entre 0,002 et 0,01 mg/kg, ce qui reste bien en-dessous des limites autorisées pour l’agriculture conventionnelle. Mais en bio, ce genre de présence est censé être inexistant”, explique le chercheur qui a supervisé les analyses.
La marque concernée, bien connue pour son image “authentique” et “naturelle”, n’a pas encore réagi officiellement, malgré plusieurs sollicitations. Son nom n’a pas été révélé par les auteurs du rapport, mais circule déjà discrètement dans les milieux militants et professionnels.
Comment du glyphosate peut-il se retrouver dans un produit bio ?
Le label bio garantit une interdiction totale de l’usage du glyphosate dans les cultures certifiées. Mais cela ne signifie pas l’absence totale de résidus.
“Le problème vient souvent de la contamination croisée”, explique une agronome spécialisée dans les filières bio. “Des vents, des écoulements d’eau ou même des machines partagées peuvent transporter des résidus depuis des champs voisins non bio.”
Il arrive aussi que certains lots soient contaminés lors du transport, du stockage ou dans les silos de traitement si ceux-ci ne sont pas parfaitement nettoyés.
Autre hypothèse plus inquiétante évoquée par les associations : le relâchement des contrôles dans certaines filières industrielles du bio, notamment dans les produits transformés à grande échelle.
Un système de contrôle trop permissif ?
Officiellement, le cahier des charges bio n’impose pas un seuil “zéro” de résidus, mais exige des contrôles réguliers. Problème : ces tests sont souvent faits par les entreprises elles-mêmes, ou par des organismes privés choisis par les marques.
“C’est un peu comme si les élèves pouvaient corriger leurs propres copies”, ironise une responsable de l’association Générations Futures. “Le système repose sur la confiance… et beaucoup trop peu de transparence.”
Plusieurs affaires similaires ont déjà éclaté dans d’autres pays européens, mais en France, le sujet reste largement ignoré par les grands médias et les distributeurs.
Et maintenant ?
L’ONG à l’origine des tests demande un renforcement des contrôles indépendants, ainsi qu’une obligation de transparence sur les taux de résidus, même infimes, dans les produits estampillés bio.
Les consommateurs, eux, se disent trahis :
“On paie plus cher pour manger sain, et on se retrouve avec les mêmes produits que dans le conventionnel… mais avec un joli emballage vert”, déplore Amandine, cliente régulière d’une enseigne bio.
