Reconnaissance faciale dans les trains régionaux : ce test passé inaperçu en Île-de-France

Reconnaissance faciale dans les trains régionaux : ce test passé inaperçu en Île-de-France

Sans communication officielle, sans débat public, et sans véritable encadrement réglementaire clair, un test de reconnaissance faciale aurait discrètement été lancé dans certaines gares d’Île-de-France, notamment sur des lignes de trains régionaux (Transilien).

Une expérimentation qui soulève des questions fondamentales sur la vie privée, la surveillance et le consentement des usagers. Alors… pourquoi personne n’en parle ?

Des caméras “intelligentes” installées à titre expérimental

Selon plusieurs sources proches du dossier, des caméras dotées de technologies de reconnaissance faciale auraient été testées dans plusieurs gares franciliennes au cours des derniers mois, notamment à des fins “d’analyse de flux passagers” et “d’anticipation d’incivilités”.

Les gares concernées n’ont pas été officiellement nommées, mais des agents auraient reçu des formations spécifiques à l’interprétation “comportementale” via IA.

Un cadre de la SNCF, souhaitant rester anonyme, évoque une phase “préliminaire et totalement anonymisée” :

“Les visages ne sont pas conservés. L’objectif est d’observer des tendances : comportements suspects, regroupements anormaux, ou détections de personnes recherchées dans le cadre d’enquêtes judiciaires.”

Mais selon des juristes spécialisés en libertés numériques, même un test sans conservation de données biométriques nécessite une information préalable du public, ce qui n’a pas été fait dans ce cas.

Une zone grise légale… et un précédent à Marseille

Officiellement, la reconnaissance faciale est interdite en France en dehors de cas précis (justice, enquête pénale, sécurité intérieure sur réquisition). Pourtant, des expérimentations ont déjà eu lieu.

En 2019, deux lycées de Marseille et Nice avaient tenté de déployer un système similaire à l’entrée des établissements. Résultat : le projet a été retoqué par la CNIL, qui a jugé la mesure “disproportionnée”.

Mais dans les gares, où sécurité, flux et incivilités sont des arguments de poids, l’encadrement semble plus flou.

“On observe un glissement progressif : d’abord des caméras ‘classiques’, puis des outils d’analyse comportementale, et désormais de la reconnaissance faciale active. Le tout sans véritable débat démocratique”, dénonce un membre de La Quadrature du Net.

Une technologie au nom de la sécurité… mais à quel prix ?

Du côté de la région Île-de-France, on justifie ces tests par la lutte contre l’insécurité dans les transports. Avec plus de 3,5 millions de voyageurs quotidiens sur le réseau Transilien, toute mesure susceptible de fluidifier les mouvements ou de prévenir les agressions est vue d’un bon œil.

Mais faut-il pour autant accepter la reconnaissance faciale dans l’espace public, même partiellement ?

“C’est une pente glissante. Aujourd’hui c’est un test, demain une généralisation silencieuse. Le risque, c’est une surveillance automatisée permanente, sans contrôle réel des citoyens”, alerte une députée écologiste francilienne.

Vers une légalisation en 2025 ?

Le sujet pourrait revenir dans le débat politique dès 2025. Un rapport parlementaire sur “les technologies de surveillance dans les transports” est en cours de rédaction, avec un volet spécifique sur la reconnaissance faciale.

La loi “Jeux Olympiques 2024” a déjà ouvert une brèche : l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique y est autorisée jusqu’en mars 2025, notamment pour la détection d’anomalies (bagages abandonnés, mouvements de foule…).

Plusieurs acteurs du secteur sécuritaire espèrent que cette loi servira de tremplin à une adoption plus large.


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