L’outil d’exécution n’a été exposé au public que trois fois depuis que la France a aboli la peine de mort en 1981
Un musée français offre au public une occasion rare de voir une guillotine de près.
L’outil d’exécution n’a été exposé au public que trois fois depuis que la France a abolii la peine de mort en 1981.
Aujourd’hui, le Mucem (Musée des Civilisations européennes et méditerranéennes) à Marseille permet aux visiteurs d’en voir une nouvelle fois gratuitement, pour marquer l’entrée de Robert Badinter au Panthéon le 9 octobre. C’est Badinter qui a fait adopter son abolition alors qu’il était ministre de la Justice sous François Mitterrand.
La guillotine exposée a été construite en 1872, remplaçant celle brûlée pendant la Commune de Paris en 1870, et elle est faite de bois et de métal.
Bien que la guillotine soit pour beaucoup associée à la Révolution française, la France l’a néanmoins utilisée comme moyen d’exécution jusqu’à l’abolition de la peine de mort. La dernière exécution a eu lieu en 1977.
Elle a été ajoutée aux collections nationales françaises en 1982 sur proposition de Badinter, qui a imposé la restriction selon laquelle elle ne pouvait pas être exposée au public avant l’année 2000.
Cela représentait « un signe de l’importance émotionnelle et politique qu’elle revêtait », a déclaré le Mucem dans un communiqué.
Aujourd’hui, « transformée en objet du patrimoine, elle témoigne d’une époque révolue et des luttes politiques et sociales qui ont conduit à l’abolition de la peine de mort ».
La guillotine a été inventée à la fin du XVIIIe siècle pour rendre les exécutions plus rapides et plus égales. Elle est devenue l’outil officiel du châtiment capital en 1792.
À l’origine nommée Louisette d’après son concepteur Antoine Louis, la guillotine a fini par porter le nom de famille du médecin Joseph-Ignace Guillotin. Il était opposé à la peine de mort et soutenait que la guillotine serait un moyen plus humain d’exécuter le châtiment capital.
La guillotine a pris son essor pendant la Terreur, la période de la Révolution française d’environ 1793-1794 lorsque l’on estime que 15 000 à 17 000 personnes ont été guillotinées.
Parmi celles-ci figuraient le roi Louis XVI et Marie-Antoinette. D’autres victimes célèbres comprenaient les leaders révolutionnaires Georges Danton et Maximilien Robespierre.
La guillotine est aussi associée aux tricoteuses, ou « femmes qui tricotent » – un surnom donné aux femmes de la classe ouvrière, politiquement engagées, pendant la Révolution française, qui soutenaient les Jacobins et se seraient, dit-on, assises près de la guillotine lors des exécutions publiques et auraient continué à tricoter.
L’image a perduré dans des représentations telles que Madame Defarge, une tricoteuse avide de sang dans le roman de Charles Dickens, Un conte de deux villes.
Les exécutions par guillotine avaient lieu sur les places publiques jusqu’en 1939, date à laquelle elles furent déplacées derrière les murs des prisons.
Elle a été utilisée pour la dernière fois le 10 septembre 1977, à la prison des Baumettes à Marseille, pour l’exécution de Hamida Djandoubi, 27 ans, condamné pour l’enlèvement, la torture et le meurtre d’Élisabeth Bousquet, âgée de 21 ans.
Cela a marqué la dernière exécution par décapitation d’une nation occidentale et la dernière exécution capitale en France.
L’abolition de la peine de mort n’a pas été une mesure populaire; au moment où elle a été interdite, un sondage indiquait que près de 62 % de la population souhaitait que la France conserve la guillotine.
Et malgré son abolition il y a plus de quarante ans, les attitudes des Français vis-à-vis de la peine de mort restent étonnamment favorables.
Plus de la moitié des personnes interrogées (55 %) appuyaient le retour de la peine de mort selon un sondage publié en 2020 par Ipsos / Sopra Steria, en hausse par rapport à 30 % au début des années 2000.
