La confusion des pilotes concernant la piste d’atterrissage pourrait être la cause, selon le rapport préliminaire
Deux avions de passagers qui ont failli entrer en collision lors d’une approche d’atterrissage à l’aéroport de Nice en septembre seraient passés à seulement trois mètres l’un de l’autre, selon un rapport préliminaire du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA). Il attribue une probable faute des pilotes comme cause.
Le rapport publié par le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) le 24 octobre fournit un compte rendu détaillé des événements ayant conduit à la quasi-collision, tandis que plusieurs enquêtes restent ouvertes en attendant le rapport définitif.
Quasi-collision à l’aéroport de Nice
L’incident s’est produit tard le 21 septembre, lorsqu’un aéronef Nouvelair en provenance de Tunisie a entamé sa descente vers la piste 04R au lieu de la piste 04L, piste qui avait été attribuée à plusieurs reprises par le contrôle aérien.
Un avion EasyJet, en préparation pour un départ vers Nantes, se trouvait déjà sur la piste 04R à ce moment-là.
Le rapport du BEA indique que la tour de contrôle a demandé à l’équipage de Nouvelair d’atterrir sur la 04L à 23h21 et a reçu la confirmation de cette instruction.
Cependant, à 23h31m36, l’appareil s’est aligné sur la 04R, déclenchant la première alarme affichée dans la tour. Seize secondes plus tard, une seconde alarme, de priorité plus élevée, s’est déclenchée lorsque l’avion EasyJet a commencé à se diriger sur la même piste.
À 23h32, les contrôleurs ont de nouveau demandé à l’équipage de Nouvelair de confirmer qu’ils atterriraient sur la piste gauche. L’équipage a répété qu’il était en approche finale pour la 04L, bien qu’il restât aligné sur la 04R.
Au total, la tour a émis cinq confirmations orales distinctes pour la 04L, l’équipage de Nouvelair ayant chacune d’elles reconnues, affirme le rapport de 23 pages.
L’avion a décollé en ascension uniquement lorsque le capitaine a reçu l’ordre de ne pas atterrir mais d’accélérer immédiatement pour regagner de l’altitude et effectuer une boucle autour de la piste. L’appareil est passé juste au-dessus de l’avion EasyJet. Le BEA confirme que le train d’atterrissage n’a pas touché la piste.
Le pilote de l’avion EasyJet était visiblement bouleversé par l’incident et n’a pas décollé, retardant le vol jusqu’à l’après-midi du lundi (22 septembre).
Les enquêteurs classent l’incident comme « grave ». Un pilote non impliqué dans l’incident a déclaré à Nice-Matin à l’époque que si les deux avions s’étaient écrasés, ils se seraient embrasés et que les 358 personnes à bord des deux appareils seraient mortes.
Pourquoi la confusion des pilotes pourrait être survenue
Le BEA souligne que ses conclusions préliminaires n’attribuent pas de responsabilité finale. Cependant, il met en évidence plusieurs facteurs qui pourraient avoir contribué à ce mauvais alignement.
Les conditions météorologiques étaient difficiles, la visibilité étant réduite tard dans la soirée en raison d’un brouillard épais.
L’agencement des pistes de l’aéroport est également noté : les deux pistes parallèles sont proches l’une de l’autre, et leur orientation par rapport aux trajectoires d’approche peut nécessiter une identification visuelle précise.
Le rapport soulève aussi la question de l’éclairage des pistes. Le BEA souligne qu’il existait une différence marquée d’intensité lumineuse entre les deux pistes, la 04R semblant plus lumineuse.
Cela est compatible avec les préoccupations déjà exprimées par les pilotes et les contrôleurs aériens, même si l’exploitant de l’aéroport affirme que son système d’éclairage est conforme.
Enquêtes en cours
Le parquet de Nice a ouvert une enquête distincte pour « mise en danger de la vie d’autrui », dirigée par l’unité de transport aérien de la gendarmerie.
L’autorité de navigation aérienne civile mène également sa propre révision interne.
Le BEA va à présent achever l’analyse complète des données des enregistreurs de vol, des enregistrements radar, des déclarations de l’équipage et des conditions atmosphériques.
Un rapport final, comprenant les conclusions et les éventuelles recommandations de sécurité, est attendu dans les mois à venir.
