L’A75 bloquée par environ 100 tracteurs, les protestations prévues pour se poursuivre tout le week-end
Au moins cent tracteurs ont bloqué une autoroute dans le sud-ouest de la France hier soir, alors que les syndicats agricoles apportaient leur soutien aux agriculteurs tenus de procéder à l’abattage de leur bétail, avec des perturbations encore en cours ce matin.
Des agriculteurs soutenus par la Coordination rurale et les Jeunes Agriculteurs ont bloqué l’autoroute A75 dans le département de la Lozère, près de Buisson, lors d’une manifestation organisée hier soir. Ils ont utilisé des tracteurs pour bloquer la route et des arbres à proximité ont été abattus pour alimenter un grand feu.
La circulation dans la zone demeure dense ce matin.
Aux côtés de ce blocage majeur, des perturbations sur l’A9 et plusieurs routes autour de Toulouse ont également été enregistrées jeudi soir et vendredi matin (12 décembre) alors que d’autres agriculteurs ont commencé leurs protestations.
Ailleurs, des affrontements entre agriculteurs et police se sont intensifiés dans toute l’Occitanie, la police ayant été enregistrée en train d’utiliser du gaz lacrymogène.
Les syndicats affirment qu’ils poursuivront les blocages pendant plusieurs jours.
Ordre d’abattre des centaines de vaches
Les protestations ont été déclenchées après qu’un agriculteur d’Ariège a reçu l’ordre d’abattre 200 vaches à la suite d’une épidémie de maladie nodulaire contagieuse de la peau (dermatose nodulaire contagieuse).
D’autres cas ont été signalés dans les Hautes-Pyrénées, entraînant de nouvelles demandes d’abattage.
La maladie ne peut pas être transmise aux humains par la consommation de produits provenant d’animaux infectés, mais elle peut gravement affecter la santé des troupeaux et entraîner des déformations, une baisse de la production de lait et des problèmes de reproduction.
La maladie est arrivée récemment en France, les premiers cas ayant été enregistrés en juin 2025. L’agence sanitaire Anses a publié un rapport sur la maladie à la suite de l’éclosion.
Autrefois limitée à l’Afrique subsaharienne, elle a été détectée pour la première fois en Europe dans les Balkans en 2015.
Les ordres d’abattage des troupeaux en cas d’épidémie sont légaux, bien que l’Europe tente de vacciner les troupeaux contre la maladie.
Cependant, les agriculteurs estiment que l’abattage n’est pas économiquement viable sans soutien – tout autant qu’il est émotionnellement éprouvant – et les syndicats agricoles dans l’Occitanie ont organisé une action rapide pour soutenir les agriculteurs touchés.
Cela comprenait des manifestations à Rodez (Aveyron), et jeudi (11 décembre), des agriculteurs se sont rendus à Bordes-sur-Arize, la commune où la première épidémie a été enregistrée, pour témoigner leur soutien aux agriculteurs touchés.
Des affrontements violents ont éclaté, des agriculteurs érigant des barricades et la police utilisant du gaz lacrymogène.
Dans la soirée, la police avait démantelé les barricades, qui avaient été dressées pour empêcher les services vétérinaires d’entrer sur l’exploitation afin de commencer l’euthanasie des animaux, qui a débuté vendredi matin.
Beaucoup des agriculteurs présents lors de ces protestations initiales se sont dirigés vers le blocage de l’A75 et y restent. Ils ne viennent pas seulement d’Ariège ou de Lozère, mais de tout le sud-ouest.
D’autres protestations sont prévues dans les prochains jours en Ariège, dans l’Aveyron et dans la Lozère, selon les unions agricoles locales.
Des inquiétudes subsistent quant à une propagation des protestations, les ordres d’abattage étant un catalyseur d’un mécontentement plus large qui bouillonne dans le secteur.
Un agriculteur protestant lors du blocage de l’A75 a déclaré au média Midi Libre que « l’étincelle est allumée », et que les protestataires se dirigeraient bientôt vers Paris.
Cela reste toutefois à être officiellement confirmé par les syndicats agricoles.
