Près d’un hypermarché sur cinq a été confronté à des pénuries d’œufs jusqu’à présent cette année
Une demande croissante entraîne des pénuries d’œufs qui se poursuivent dans toute la France, avec peu de signes d’amélioration.
Impactant les consommateurs depuis plusieurs mois, une hausse prolongée de la demande a laissé les producteurs se démener pour satisfaire cette demande.
Bien que la France n’ait pas encore été touchée par l’« eggflation » – phénomène par lequel les coûts ont flambé comme c’est le cas aux États‑Unis – l’appétit pour les œufs a augmenté le nombre de supermarchés confrontés à des pénuries, selon le groupe d’intelligence consommateurs NielsenIQ.
Un taux normal de rupture en stock pour un produit tourne autour de 2 % (ce qui signifie que 2 personnes sur 100 ne pourront pas effectuer leur achat), a déclaré le directeur de NielsenIQ, David Lecomte, dans un post sur le réseau social LinkedIn.
Pour les œufs toutefois, ce taux s’est établi en moyenne à 13,3 % jusqu’en 2025, soit plus de 7 points de pourcentage de plus qu’en 2024, une année où les œufs ont connu des pénuries bien plus importantes que le produit moyen.
Ayant commencé l’année avec des taux de rupture d’environ 12 % pour les œufs, des niveaux autour de 15 % ne sont pas rares depuis juin, et dans les hypermarchés de plus grande taille, le taux moyen de rupture est de 15,3 %.
Un sommet plus tôt dans l’année a vu des niveaux de rupture à 18 % lorsque les hypermarchés avaient complètement épuisé leurs stocks.
« Au-delà de l’ampleur de ce taux de rupture, c’est la durée qui est remarquable », a ajouté M. Lecomte.
Augmenter la production ou risquer les importations
La hausse de la demande d’œufs peut être expliquée, selon M. Lecomte, par un pouvoir d’achat plus faible pour les ménages français.
À mesure que les achats deviennent plus coûteux, les consommateurs recherchent des produits nutritifs et sains qui n’ont pas vu leur prix augmenter ni être soumis à la « shrinkflation ».
« En période de pouvoir d’achat en déclin, les œufs constituent un produit abordable (2,08 € en moyenne pour 6 œufs dans les supermarchés français), facilement adaptables à diverses recettes et adaptés à toute la famille », a déclaré M. Lecomte.
Ils sont perçus comme une source de protéines alternative par rapport à des produits carnés plus coûteux, dont les coûts ont augmenté ces dernières années.
M. Lecomte estime qu’il existe deux issues possibles à la crise.
La première — et la moins probable — consiste à réduire la demande d’œufs par des aliments alternatifs. Avec des habitudes qui ne devraient pas changer de sitôt, les œufs devraient rester recherchés.
La deuxième est que la production d’œufs augmente pour répondre à la demande.
Les agriculteurs français doivent jongler entre le respect de réglementations strictes et la fourniture d’un nombre accru d’œufs. S’ils ne le font pas, il existe un risque que les œufs importés deviennent plus courants.
Précédemment, les agriculteurs ont critiqué l’importation d’œufs ukrainiens, qu’ils estiment ne pas être soumis aux mêmes réglementations strictes que ceux produits localement, et pourraient donc être vendus moins cher.
Ils affirment également que ces œufs peuvent présenter des risques pour la santé et l’environnement.
