Assurance Maladie affirme que le secteur restera rentable malgré les mesures de réduction des coûts
Les radiologues en France sont en grève aujourd’hui (10 novembre) après que l’assurance maladie publique a imposé des réductions dans le secteur.
Entre 70 % et 85 % des près de 5 000 radiologues privés en France se sont mis en grève aujourd’hui, selon le président du syndicat Fédération nationale des médecins radiologues, Jean-Philippe Masson.
Cela signifie que de nombreux rendez-vous prévus pour aujourd’hui ont été reportés faute de personnel, d’autant plus que demain (11 novembre) est un jour férié où les cliniques pourraient aussi réduire leurs heures d’ouverture.
Dans de nombreux cas, seuls les rendez-vous d’urgence ont été maintenus aujourd’hui, les autres ayant été reprogrammés.
Pour l’instant, aucun mouvement de grève supplémentaire n’est prévu, mais des actions supplémentaires ne sont pas exclues. Il s’agit de la première grève majeure du secteur depuis environ 20 ans, selon les radiologues.
Des plans pour économiser 300 millions d’euros d’ici 2027
Le différend découle des plans de l’assurance maladie publique française visant à réduire le financement d’un secteur qu’elle affirme très rentable.
Les coupes comprennent, par exemple, une réduction des honoraires passant de 29 € à 26 € pour l’interprétation d’une IRM par un médecin, parallèlement à des paiements réduits pour de nombreux types d’examens, limitant le nombre de prestations qu’un patient peut obtenir en une journée, et des changements dans la facturation des actes pour les patients.
Une liste des changements tarifaires qui ont eu lieu est disponible ici.
Dans tous les cas, la réduction des coûts entraînera une diminution du niveau de remboursement versé par l’État pour ces rendez-vous.
Les paiements versés aux radiologues pour compenser l’installation et l’entretien d’équipements coûteux tels que les IRM et les scanners CT sont également réduits.
Certaines modifications tarifaires sont entrées en vigueur le 5 novembre, d’autres changements étant prévus pour 2026 et 2027.
Ces mesures permettront d’économiser jusqu’à 300 millions d’euros sur les trois années, selon Assurance Maladie, et font partie de plans de réduction des coûts dans l’ensemble, alors que la dette de la sécurité sociale française est amenée à atteindre jusqu’à 21 milliards d’euros d’ici la fin de 2025.
Pourtant, les radiologues soutiennent que la mesure a été imposée sans dialogue honnête (les discussions ont abouti à un échec et Assurance Maladie a annoncé les changements unilatéralement) et survient alors que les tarifs de plusieurs honoraires des radiologues sont gelés depuis 20 ans.
De plus, ils affirment qu’une réduction du forfait versé aux radiologues pour l’utilisation des équipements avancés (une seule machine d’IRM coûte environ 1,5 million d’euros, un scanner 600 000 €, et une machine de mammographie 250 000 €) limitera la qualité des soins disponibles.
Des désaccords sur la façon de réaliser les économies
Assurance Maladie soutient toutefois que le secteur est extrêmement rentable et constitue une aire privilégiée pour réaliser des économies.
« Les changements ne mettront pas en péril la viabilité de la radiologie dans notre pays, ni les conditions d’accès aux soins, dans un secteur qui est par ailleurs extrêmement dynamique », a déclaré le directeur d’Assurance Maladie, Thomas Fatôme.
« Le secteur… affiche une rentabilité très élevée, comme le démontrent nos recherches… mais aussi deux rapports réalisés par l’Inspection générale des finances et l’Inspection générale des affaires sociales », a-t-il ajouté.
Alors que les coupes de 300 millions d’euros auront un impact sur le secteur, environ 1 milliard d’euros de croissance est prévu, ce qui signifie que le secteur continuera de s’étendre. En termes réels, les coupes ne devraient pas entraîner de pertes pour le secteur.
Cependant, les radiologues affirment que la croissance projetée du secteur ralentira, et les effets secondaires pour tenter de récupérer les coûts comprendront une réduction des heures d’ouverture et la fermeture de postes ruraux.
M. Fatôme affirme qu’Assurance Maladie restera ferme « et ne reviendra pas sur » les changements tarifaires qui ont déjà eu lieu, mais « reste ouverte au dialogue » sur ceux prévus pour les deux prochaines années.
Les radiologues ne s’opposent pas au niveau d’économies visé, mais estiment que les fonds peuvent être économisés par des moyens alternatifs qui n’affecteront pas la croissance du secteur.
L’union estime que la plupart des économies peuvent provenir de la réduction du nombre de tests inutiles dans le secteur, plutôt que de coupes directes des prix, ce qui permettrait aux radiologues de se concentrer sur les soins là où ils sont le plus nécessaires, tout en maintenant les équipements mieux entretenus.
