Les petites figurines en argile peintes à la main sont au cœur des crèches de Noël traditionnelles françaises
Les artisans derrière les santons emblématiques de Provence – les petites figurines en argile peintes à la main utilisées dans les crèches de Noël traditionnelles – demandent l’octroi du statut officiel d’Indication Géographique (IG) pour protéger l’authenticité de leur métier.
Cette initiative fait suite à l’aveu d’un santonnier local selon lequel une partie de sa production était sous-traitée en Tunisie, suscitant des craintes que des figurines bon marché, fabriquées à l’étranger, puissent menacer la réputation et l’avenir de la tradition provençale.
Plus d’un million de santons sont vendus chaque année, générant plus de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon l’Union des Santonniers de Provence. Une figurine typique de 12 cm se vend généralement autour de 20 €.
Si elle est approuvée, le label IG garantirait que seuls les santons fabriqués en Provence puissent être commercialisés sous ce nom, offrant aux consommateurs une garantie d’origine similaire à celle des protections pour des articles tels que la dentelle de Calais et la porcelaine de Limoges.
Les artisans prévoient également de déposer une demande de reconnaissance auprès de l’UNESCO pour inscrire la fabrication de santons au patrimoine culturel immatériel.
Protéger le métier
Pour Daniel Coulomb, santonnier à Aubagne depuis 1986 et président de l’Association IGSP, la nécessité de protection est urgente.
« La production étrangère est réelle », a-t-il déclaré. « Le danger pour nous est de voir de grandes entreprises dans notre secteur se diriger dans cette direction, dans une sorte de course vers le sommet, ce qui finirait par détruire notre métier artisanal et fragile. »
Les santons restent « profondément ancrés dans le cœur des Français », déclare M. Coulomb, avec la plupart des ventes concentrées dans le sud de la France. Depuis le Covid, la demande s’est étendue à Paris et en Bretagne, bien que les touristes ne représentent qu’une petite part de ses ventes.
Chaque année, de nouveaux personnages sont ajoutés, reflétant souvent des métiers traditionnels, tandis que les tentatives de création de figures de célébrités modernes restent marginales et sont généralement mal vues tant par les artisans que par les clients.
Reconnaissance juridique et culturelle
Un nouvel règlement de l’UE, en vigueur depuis décembre 2023, permet aux artisans d’enregistrer des produits non alimentaires pour une protection géographique.
Michel Bouvier, président de l’Union des Santonniers de Provence, a déclaré que la concurrence étrangère est devenue impossible à ignorer.
« Les figurines en résine chinoise posent peu de danger, mais l’admission récente par un artisan local qui a sous-traité une partie de sa production en Tunisie tout en utilisant des techniques identiques a constitué un tournant », a-t-il déclaré.
« Cette menace réelle pour la profession nous a conduits à préparer une indication géographique pour le Santon de Provence, qui entrera en vigueur en 2026. »
Demande domestique et internationale forte
Malgré ces préoccupations, la demande reste forte sur le marché intérieur. « Le marché local est très important », a expliqué M. Bouvier.
« Le santon fait partie des traditions provençales, et l’installation de la crèche est essentielle pour les Provençaux, en particulier pour les habitants de Marseille. » Les touristes représentent environ 30 % des achats.
L’intérêt international croît également, des collectionneurs au Japon, aux États-Unis et en Europe du Nord étant attirés par les détails peints à la main et les histoires derrière chaque figurine. Des fabricants provençaux tels qu’Escoffier, Atterra et Carbonel exportent déjà largement.
Pour les artisans, le statut IG n’est pas une simple mesure commerciale. C’est un moyen de protéger un symbole culturel. Comme l’a déclaré M. Coulomb :
« L’objectif est de protéger les artisans locaux et de permettre d’indiquer la véritable origine d’un santon lors de sa vente sur un marché de Noël ou ailleurs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. » Coulomb
