Des coûts élevés pourraient constituer un obstacle à l’installation généralisée de la technologie
Une route de haute technologie qui stocke de l’énergie thermique renouvelable pour chauffer la surface et peut être utilisée pour faire fondre la glace et la neige est en cours de test en France.
Égletons (Corrèze), dans le sud-ouest de la France, n’a installé que 120 mètres de route en 2021, initialement pour présenter la technologie aux étudiants locaux des travaux publics.
Power Road, pionnière d’Eurovia, filiale du groupe de construction français Vinci, fonctionne en captant l’énergie solaire à l’intérieur de la surface routière, en stockant l’énergie, puis en la transférant vers des bâtiments et autres structures voisines par le biais de pompes à chaleur.
En plus de chauffer la surface de la chaussée, elle peut être utilisée pour chauffer et climatiser des bureaux, des logements, des installations sportives et des bâtiments publics, ainsi que pour réchauffer des piscines et rafraîchir des zones pavées en été.
Elle peut être utilisée pour dégivrer et enlever la neige sur les pistes d’aéroport en hiver.
La route d’Égletons, toutefois, puise sa chaleur dans le réseau de chauffage de la ville, ce qui signifie qu’elle est « énergivore », a expliqué le maire Ferré.
La chaussée bitumineuse intègre un échangeur de chaleur dans les couches de surface à une profondeur d’environ cinq à huit centimètres. L’échangeur de chaleur est un réseau de tubes, similaire à ceux utilisés dans le chauffage par le sol.
Le fluide de transfert de chaleur circule dans ces tubes, et sous l’effet du rayonnement solaire peut atteindre jusqu’à 35 °C.
Cette énergie thermique peut alors être utilisée immédiatement, par exemple pour maintenir la surface de la route chaude et exempte de glace, ou stockée et utilisée ultérieurement.
Ce type de route a été installé pour la première fois en France en 2017 dans une zone de repos pour camions à Saint-Arnoult-en-Yvelines, en Île-de-France, où il a également été utilisé pour chauffer le magasin sur le site. Selon Eurovia, la technologie a réduit les factures d’énergie de 80 % et les émissions de CO2 de 96 %.
Depuis lors, elle a été utilisée pour plusieurs projets à travers la France, notamment pour aider à chauffer des piscines locales en Bretagne (Saint-Pol-de-Léon) et à Lyon, et pour fournir le chauffage et l’eau chaude pour 61 appartements en Normandie (Fleury-sur-Orne).
Une approche ciblée
Pour autant, la technologie n’est pas bon marché. Et son coût pourrait signifier que de nombreuses villes ne peuvent pas se permettre de la déployer sur plus d’une petite section de route.
C’était le cas à Égletons, où le maire Ferré a déclaré qu’elle avait été « efficace » pour empêcher la neige et la glace de se déposer sur la chaussée, mais n’avait pas « changé la vie des conducteurs » parce qu’elle était utilisée sur une distance si courte.
La technologie était trop coûteuse pour être déployée plus largement dans la ville, a-t-il ajouté. Elle coûtait 230 000 € pour 130 mètres de route.
Il a dit que la technologie était peut-être plus adaptée à « des entreprises autoroutières, des stations de péage et des aéroports » mais « pour d’autres villes, non », laissant entendre qu’elles pourraient se tourner vers d’autres sources d’énergie renouvelable telles que les panneaux solaires.
La technologie ne serait pas profitable sur des tronçons trop longs et son usage est meilleur lorsqu’il est ciblé, selon Eurovia.
« Pour le dégivrage et l’enlèvement de la neige, il s’agit plutôt de cibler les zones sujettes aux accidents. Et en ce qui concerne la réutilisation de la chaleur, il vous faut un point de consommation à proximité, donc je ne sais pas si cela serait utile sur une autoroute, par exemple, » a déclaré Loïc Bernard d’Eurovia au quotidien français Ouest France.
