En décidant de s’unir après la seconde guerre mondiale, les pays membres de la nouvelle Communauté Économique Européenne avaient pour objectif d’installer durablement la paix, mais également de faire porter la voix européenne sur la scène internationale, face aux deux géants d’alors : les États-Unis et l’URSS. Soixante ans plus tard, notre échec est flagrant : l’accord russo-américain sur la Syrie, en laissant largement l’Europe de côté, le confirme.
Nous, européens, sommes responsables de cet échec. Il n’y a pas d’effort de cohésion, d’unité, pour s’entendre et défendre les mêmes positions sur les grands sujets mondiaux. Nous n’apprenons pas de nos erreurs. La crise syrienne fait douloureusement écho à l’absence de leadership européen sur la question irakienne ou malienne, ou à notre attentisme face aux printemps arabes.
L’Europe gagnerait pourtant à s’imposer comme une puissance politique et diplomatique incontournable. Avec son histoire, elle en a la légitimité. C’est tout de même en son sein que deux ennemis héréditaires, la France et l’Allemagne, sont devenus des partenaires politiques et économiques incontournables. C’est elle qui assure les droits de l’Homme, grâce à un cadre juridique solide et par des institutions comme il n’en existe nulle part ailleurs. C’est encore elle qui contribue à plus de la moitié des fonds pour l’aide au développement des pays pauvres. Cette histoire et ces engagements nous obligent.
La diplomatie est un levier important qu’il faut toujours privilégier face aux interventions armées, qui trop souvent rajoutent du chaos au chaos dans certaines régions du monde comme au Moyen-Orient. La résolution de l’ONU sur la Syrie et la reprise du dialogue entre l’Iran et les États-Unis en témoignent : la diplomatie compte.
“Qui n’a pas les moyens de ses ambitions a tous les soucis” écrivait Talleyrand, grand diplomate français. En matière de diplomatie européenne, c’est tout l’inverse : nous avons les moyens, nous n’avons toujours pas l’ambition. Depuis 2011 le Service européen d’action extérieure a pour mission de porter la diplomatie européenne, par le biais notamment de 139 délégations et représentations de l’Union Européenne de par le monde. Mais sa Haute Représentante, Madame Catherine Ashton, n’est clairement pas à la hauteur. Qui se soucie aujourd’hui de ses déclarations, faites de compromis et de frilosité politique ? Je formule le vœu que les Chefs d’États et de gouvernements européens soient courageux en nommant, lors du renouvellement de la Commission à l’automne prochain, quelqu’un avec une vraie capacité à entraîner les États membres, pour une véritable diplomatie européenne, qui nous redonnera la place que l’Union Européenne mérite sur la scène internationale.
J’ajouterai que la diplomatie européenne doit se doter d’une structure militaire conséquente pour asseoir sa légitimité et sa plausibilité. Le Conseil européen de décembre sera consacré aux questions de défense et de sécurité. Peut-être serait-il enfin temps de doter l’Union Européenne d’une véritable force d’intervention armée, pour rendre sa politique extérieure plus crédible ?
