L’Union européenne devrait être une force politique de premier plan sur la scène internationale. Et pourtant, elle est inaudible face aux grandes crises qui secouent le monde. Cette union d’Etats nations, qui s’est dressée sur les ruines de la guerre et a vaincu les rancœurs du passé, lauréate du prix Nobel de la paix en 2012, ne parvient pas à promouvoir les valeurs humanistes qui ont permis sa construction.
L’absence de résultat diplomatique en Syrie a laissé place à un insupportable statu quo, abandonnant les Syriens à leur triste sort ! Alors que l’Europe devrait être à leurs côtés grâce au poste de Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Le traité de Lisbonne a créé ce poste pour renforcer le rôle de l’Europe dans les affaires du monde. Mais où est l’Europe quand il s’agit de résoudre le conflit syrien ? Où est l’Europe quand il faut soutenir les réformes démocratiques dans les pays du Printemps arabe ?
J’ai interpellé à plusieurs reprises Catherine Ashton* sur sa stratégie pour la résolution du conflit syrien. Et je déplore que l’Europe, malgré son poids institutionnel, n’apporte pas une réponse vitale aux appels à l’aide de ces peuples courageux.
Alors que les Etats-Unis se tournent vers l’Asie, l’Europe doit assumer ses responsabilités. Elle doit incarner une nouvelle force d’action, fondée sur ses valeurs, et capable de soutenir les aspirations démocratiques de nos peuples voisins. Elle doit s’ouvrir aux grandes puissances émergentes et renforcer ses relations avec ses partenaires stratégiques.
L’Europe est encore une idée abstraite pour des millions d’Européens. Cette Europe peut faire plus, et surtout mieux ! Elle peut incarner une nouvelle voix politique, indépendante et souveraine, à l’échelle mondiale. Elle doit, par exemple, aider le Liban, dont la stabilité et la sécurité sont menacées par le conflit syrien, et pour lequel j’ai demandé aux chefs d’Etats du G8 de s’engager. Je continue de croire qu’une Europe forte peut encore émerger. Une Europe fière de ses valeurs et capable d’agir concrètement pour la paix et pour ses citoyens. Car si l’Europe politique tend - certes difficilement- à devenir une réalité, celle du courage est encore à construire.
*Vice-présidente de la Commission européenne, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.